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La hernie discale se définit comme une maladie du disque entre 2 vertèbres, ce disque sert d’amortisseur entre les vertèbres.
Ces disques s’usent avec l’âge progressivement et peuvent se fissurer, se déformer mais aussi sortir de l’espace intervertébral.
D’autres facteurs favorisent cette dégénérescence :
Si le poids du corps est trop élevé ou quand les mouvements imposés à la colonne sont inappropriés, répétitifs, inadaptés entraînant des pressions trop élevées pour le disque.
Par exemple, un mouvement brutal associé à une mauvaise posture, comme soulever un poids important avec un mouvement de torsion du tronc, risque de faire saillir le disque vertébral, avec pour conséquence la hernie.
Le surpoids certes mais aussi la grossesse, qui entrainent des tensions trop élevées au niveau de la colonne vertébrale peuvent être à l’origine d’une hernie.
Parfois, ce sont des personnes prédisposées génétiquement mais dans ce cas cela arrive précocement (parfois avant l’âge de 21 ans).

Cette hernie discale peut malheureusement comprimer une racine nerveuse entrainant une inflammation et une irritation du nerf et donc douleur sur le trajet du nerf atteint.

Les hernies peuvent se produire à n’importe quel étage de la colonne vertébrale mais environ 95 % des hernies surviennent dans la partie basse du dos.

La lombalgie affecte de nombreuses personnes : 8 Français sur 10 seront un jour ou l’autre concernés par cette maladie et pas moins de 35 % ont déclaré en avoir douloureusement souffert au cours des 12 derniers mois.
Les douleurs peuvent être soit très invalidantes car très intenses, soit persistantes avec des répercussions importantes sur la vie quotidienne.

Tout effort, tout mouvement, toux, éternuement, augmente l’intensité de la douleur et reproduit le trajet du nerf atteint.

Les traitements possibles sont médicamenteux (anti inflammatoires, infiltrations, décontractants musculaires, anti douleurs et en cas extrêmes la chirurgie) associés à une physiothérapie adaptée et douce.
Et malheureusement les rechutes sont extrêmement fréquentes entraînant une chronicité qui rend la vie de tous les jours pénible.

Pourtant un espoir semble poindre :
Des chercheurs danois ont découvert que certains patients souffrant d’hernie discale pouvaient être soignés avec des antibiotiques.

Deux études réalisées par l’Université du Sud du Danemark ont été publiées en mai 2013 dans le European Spine Journal, suite aux travaux du Docteur Hanne Albert.

Dans la première étude, 144 personnes souffrant de douleurs lombaires chroniques depuis plus de 6 mois ont été choisies et divisées en 2 groupes.
Pendant un an la moitié des patients a pris un antibiotique et l’autre moitié a reçu un placebo (le placebo est un produit dit neutre, c’est-à-dire sans effet pharmacologique démontré pour la pathologie considérée).

Le résultat a été significatif car le groupe de patients recevant un antibiotique a présenté une amélioration très significative des douleurs.

75% des patients du groupe recevant des antibiotiques souffraient d’une douleur chronique, continue au niveau du dos. Or, au bout d’un an de traitement, le pourcentage était de seulement 20%.
(Bien que dans un second article, des scientifiques ont prouvé qu’ils pouvaient guérir les douleurs du dos chroniques avec une cure de 100 jours d’antibiotiques).

Dans une autre étude menée parallèlement portant sur 61 patients souffrant d’hernie discale, 46% avaient une infection bactérienne au niveau du noyau du disque intervertébral.
La bactérie responsable était le Propionibacterium acnes (germe présent sur la peau et retrouvé dans l’acné) et elle serait donc responsable des lésions au niveau du disque.
Jusqu’à présent, rapportent les auteurs de cette étude, la bactérie à l’origine de la lombalgie par hernie discale n’avait pas été décelée car en général les biopsies vertébrales sont effectuées sur 3 jours. Or pour observer le le Propionibacterium acnes (P.acnes) il faut laisser se développer la culture pendant au moins 14 jours.

Chez 40% de ces patients les chercheurs ont aussi trouvé une lésion osseuse avec inflammation.
Certains acides produits par la bactérie P.acnes, seraient en effet responsables d’œdème et donc de cette inflammation de par la destruction du noyau du disque vertébral, provoquant secondairement des lésions osseuses à type de minuscules fractures au niveau des vertèbres environnantes entraînant des douleurs et qui apparaissent visiblement dans l’IRM.
Ces recherches montrent que les patients traités avec l’antibiotique avaient moins souvent mal au dos (180 heures de douleurs contre 448 heures au début de l’étude) et la douleur était beaucoup moins intense au bout d’un an.
Les patients souffrant de douleurs permanentes n’ étaient plus que 19% contre 75% au début de l’étude.

Le Dr Hanne Albert a déclaré au Guardian :
“Cela ne va pas aider les gens qui présentent une douleur banale du dos, ceux présentant une douleur aiguë ou subaiguë – seuls ceux qui ont la douleur chronique au bas du dos,” “Ce sont des gens qui vivent une vie sur le bord parce qu’ils sont handicapés par la douleur. Avec cette nouvelle thérapie, ils auront une vie normale qu’ils n’auraient jamais heureusement pu espérer.”

Il est important de souligner que ces 2 études restent encore à un stade expérimental et il est difficile de savoir si le patient souffrant d’hernie discale appartient aux 40% de personnes présentant cette bactérie.
Sans preuve le traitement antibiotique est certainement contre-indiqué afin de ne pas créer une résistance aux antibiotiques.
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Peter Hamlyn, un des plus grands neurochirurgiens du Royaume-Uni à déclaré « Jusqu’à 40% des patients souffrant de douleurs chroniques au dos pourraient être guéris avec un traitement antibiotique plutôt que par la chirurgie ».
« C’est la plus grande découverte à laquelle j’ai assisté durant toute ma vie professionnelle, son impact sur la médecine est digne d’un Prix Nobel. » ajoute le Dr Peter Hamlyn sur les pages du Guardian.
« Il reste du travail à faire, mais ça reste un tournant, un moment où nous devrons réécrire les manuels scolaires. »

Docteur DENJEAN qui met beaucoup d’espoir dans cette intéressante découverte scientifique…

 

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