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C’est la première fois qu’une agence de sécurité sanitaire rend des conclusions aussi alarmantes sur un polluant qui est omniprésent dans notre quotidien.

En effet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié le mardi 9 avril, un avis sur le bisphénol A (BPA) particulièrement inquiétant.

Selon l’agence française, « certaines situations d’exposition de la femme enceinte au BPA présentent un risque pour la glande mammaire de l’enfant à naître ».
Ce qui veut dire que les enfants exposés in utero à des taux de BPA qui sont ceux rencontrés dans la population générale ont un grand risque de développer un cancer du sein plus tard dans leur vie d’adulte.

Selon une nouvelle étude scientifique, nous serions exposés à des doses de bisphénol A huit fois supérieures aux limites autorisées.

Le bisphénol A se comporte comme un œstrogène de synthèse et donc comme un perturbateur endocrinien car il est capable de se fixer sur certains récepteurs des œstrogènes. Son action est certes environ 1000 fois inférieure à celle de l’estradiol, mais il est très présent dans notre environnement (environ trois millions de tonnes de BPA sont produites chaque année dans le monde. (Les oestrogènes et l’estradiol en particulier sont des hormones féminines)

C’est en 1960 que son utilisation massive a démarré dans l’industrie du plastique.

Le BPA entre dans la composition d’un grand nombre d’objets d’usage quotidien (plastiques, conserves, canettes, amalgames dentaires, etc….).

Pour être précis, rappelons que le BPA est surtout utilisé pour tapisser l’intérieur de certaines boites de conserve et de canettes (principales sources d’exposition pour l’être humain).
Le BPA a aussi été utilisé pour la fabrication des biberons.
Enfin, le bisphénol A est présent sous forme libre dans un grand nombre de reçus de caisse, de reçus de cartes de crédit (papier thermique) et de billets de banque car c’est un révélateur de la coloration à l’impression.

La dose journalière « admissible » (DJA) est de 50 microgrammes par kilo et par jour (µg/kg/j). Or, une autre étude publiée le 20 septembre dernier, affirme que l’exposition au bisphénol A est beaucoup plus élevée : au moins huit fois la dose journalière autorisée par l’EFSA et l’EPA .

Massivement produit et dispersé dans l’environnement depuis plusieurs décennies, il s’est retrouvé dans l’organisme d’une majorité croissante de la population, quel que soit l’âge, et bien sûr chez les enfants. On en trouve donc maintenant dans presque tous les organismes vivants.
Selon diverses études, 95 % des échantillons d’urine collectés auprès d’adultes américains contenaient du BPA.
Une autre étude au Canada, rapporte aussi la détection de BPA chez 91% des Canadiens de 6 à 79 ans.
On en retrouve aussi dans le tissu adipeux.
La contamination humaine se fait certes essentiellement par ingestion, mais un passage par les voies respiratoires ou même la peau est possible.

Le Canada, quant à lui, a classé le BPA sur une liste noire des substances toxiques.
Ce pays a d’ailleurs déjà interdit pour la première fois cette molécule dans les biberons en 2008.
Maintenant, le Canada a décidé depuis août 2012 que plus aucun produit ne devra en contenir.
C’est aussi le cas en Australie et dans plusieurs états Américains.

En mars 2011, l’Union Européenne a interdit la fabrication des biberons contenant du BPA.

En France, le bisphénol A a été interdit dans les biberons en 2010.
En septembre 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a suggéré d’étiqueter les produits contenant du bisphénol A.
Le 13 décembre 2012, une loi plus générale a été adoptée, qui interdit la fabrication, l’importation et la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire comportant du bisphénol A (BPA), mais dont l’échéance est en 2015 !!!!

De plus, une autre étude menée à l’Université de Cincinnati (Ohio) vient d’être publiée dans la revue Environmental Health Perspectives.
Cette étude laisse entendre que le BPA non seulement favorise le développement du cancer du sein mais aussi que de très faibles concentrations, du même ordre que celles que l’on retrouve dans la vie courante réduisent l’efficacité des produits de chimiothérapie dans les cellules cancéreuses.
Le « BPA, testé à des doses dites écologiquement pertinentes, réduit l’efficacité des agents chimiothérapeutiques » conclut le rapport.

D’autres effets secondaires comme des troubles du comportement, des anomalies de l’appareil reproducteur femelle, des kystes de l’ovaire, une obésité pour l’enfant à naître ont été rapportés mais évalués comme « négligeables » pour la population générale !
Le BPA à aussi un impact sur les maladies cardio-vasculaires et sur des anomalies du bilan hépatique.
D’autres risques encore pour la prostate, la thyroïde, la fertilité masculine, etc…. sont suspectés sur l’animal mais n’ont pu être évalués par les experts, faute de données suffisantes.
« Ces risques ne sont pas pour autant exclus », dit-on à l’Anses.

Alors, en attendant en France la date fatidique du 1er Janvier 2015….

Pour les boîtes de conserve (qui représentent, selon les travaux de l’Anses, 50 % de l’exposition des femmes enceintes au BPA), le bisphénol A entre dans la composition des vernis qui tapissent leurs parois.
Les emballages en métal (canettes, boîtes rectangulaires, boîtes cylindriques, etc…..) sont plus prédisposés à en contenir puisqu’il n’y a pas d’étiquetage.
Cependant, d’après l’Anses, les boîtes les plus susceptibles d’ètre contaminées par du BPA sont les boîtes composées de trois pièces de métal, un corps avec un fond et un couvercle sertis, ce qui est le cas des boîtes cylindriques.
Le risque est plus important avec des aliments acides, tomates par exemple ou jus d’orange.
Les boîtes, fabriquées par emboutissage d’une feuille métallique, comportant seulement un corps et un couvercle serti, comme les canettes, seraient moins concernées par l’emploi de bisphénol A.
Le plus sûr est finalement de choisir la conserve en verre, même si l’intérieur de son bouchon reste susceptible d’être couvert d’une mince pellicule contenant du BPA.

Enfin, la précaution que nous devons tous prendre est de ne pas réchauffer les aliments dans un récipient douteux.
Le réchauffage et donc la montée de la température active sensiblement la migration du bisphénol vers les aliments.

Mais la nourriture peut également être contaminée en faisant la cuisine puisque certains ustensiles de cuisine en plastique et certains petits électroménagers (bouilloires, cuits-vapeur) peuvent contenir eux-mêmes du bisphénol A.

Docteur DENJEAN qui se félicite d’avoir toujours fait la cuisine avec des aliments frais, mais pour le reste comme tout le monde je subis….

 

 

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